Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, ceste sera pour vous advertir que monseigneur le mareschal
2m’a dict ce matin comme il avoit esté prié par monsieur de Suze de vous
3prier vouloir bailler le commandement des compagnyes que vous levés en Daulphiné
4à son filz, et qu’il n’avoyt peu de moings que luy acorder de vous en escrire,
5dont il a voulu que je vous advertisse affin que vous ne fussiés surprins,
6scachant assés qu’il est trop plus raisonnable que vous gratiffiés les
7votres. Ceste requeste est bien eslognée du langaige que naguères
8vous tenoyt mondit sieur de Suze à Grenoble. Je m’asseure bien que vous
9n’estes pas si soudain que quant bien vous ne recevriés si tost la
10présente, vous voulussiés vous haster de ce fère. Je vous en
11envoyeray néantmoings deux doubles. Je n’ay encor receu les lettres du
12roy, pour séjourner encor icy quelque peu de temps, dont m’a
13escrit monseigneur de Morvilliers. Mondit seigneur le mareschal
14est venu fère un tour jusques icy pour fère quelques préparatives.
15Ceux de Nymes, pour response à la signification que leur a esté
16faicte des dernières lettres patentes du roy, ont mandé un long discours
17des causes de leurs défiances, avec force plainctes et invectives, et
18par conclusion qu’ilz ne sont pas encor prestz d’obéir. Peult-estre que
19quant ilz se verront pressés, ilz se radviseront, de quoy je prie
20Dieu leur donner la grâce pour la nécessité en laquelle ilz mectent
21principalement ce gouvernement, et qu’il vous donne,
22Monseigneur, après m’estre très humblement recommandé à votre bonne grâce
23et longue et heureuze vie. D’Avignon, ce XVIe decembre 1572.
24Votre très humble et très affectionné
25serviteur. Bellievre
26Vous verrés les copies des lettres qui ont esté envoyées à mondit seigneur le mareschal qui monstrent
27estre du mesme stile que celle dont luy avés envoyé copie adressante à « monsieur le
28catholicque ». Il est bon et requis de s’y prendre garde ; et néantmoings, il me semble que
29il charge le sieur de Montbrun par ceux-cy d’avoyr asseurance de luy, ce qu’il ne
30monstroyt avoyr par ladite lettre qui
31estoyt à luy adressante, en quoy il
32pourroyt bien avoyr de l’artifice ;
33et néantmoings, on ne peult
34faillir de si prendre bien garde.